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Zoom Afrique du 11 avril 2024

Les titres de la rédaction :

  • Afrique du Sud : les expéditions d’oranges devraient augmenter de 16 % en 2024
  • Angola : lancement d’une unité d’assemblage de tracteurs agricoles à Talatona
  • Ghana : 2 trains réceptionnés pour la ligne SGR Tema-Mpakadan
  • RDC : interdiction de citer d’autre sources que celles officielles sur la situation sécuritaire

Les analyses de la rédaction :

1. Afrique : le modèle de gouvernance africain doit prendre le dessus 

Les modèles de gouvernance traditionnels africains doivent être incorporés à la vie sociopolitique moderne, selon Moussa Ibrahim, ancien ministre libyen de l’Information et de la Culture. 

Dans le discours ambiant sur la gouvernance mondiale, la démocratie occidentale apparaît souvent comme la quintessence de l’organisation et de la représentation politiques. 

Pourtant, les modèles démocratiques occidentaux sont critiqués sur tout le continent africain et également à travers le monde. 

De nombreux Africains, forts de la richesse de leurs traditions, de leur histoire et de leurs structures sociales, croient en la nécessité d’une réévaluation des paradigmes démocratiques occidentaux et plaident pour des formes de gouvernance qui puiseraient leurs sources dans les réalités africaines. 

Cette vision critique découle d’une conviction profondément ancrée selon laquelle l’Afrique devrait développer ses propres formes de démocratie, inspirées des pratiques autochtones, des religions, des traditions et des valeurs communes. 

Au cœur de la critique africaine de la démocratie occidentale se trouve la constatation de la dissonance entre les systèmes politiques importés et les divers paysages sociopolitiques des nations africaines. 

La démocratie occidentale, souvent caractérisée par l’ultra-individualisme, par des structures de pouvoir élitistes, par une insistance sur les valeurs « progressistes », risque de ne pas correspondre pleinement à la philosophie communautaire qui prévaut dans de nombreuses sociétés africaines. 

En revanche, les systèmes de gouvernance traditionnels en Afrique, tels que ceux que l’on trouve dans divers royaumes, principautés et structures tribales, privilégient la recherche du consensus, la prise de décision communautaire et l’intégration des croyances spirituelles dans la gouvernance. 

L’une des principales raisons pour lesquelles de nombreux Africains s’accrochent aux modes de gouvernance traditionnels est le contexte historique du colonialisme et de ses effets durables. 

Les systèmes politiques occidentaux imposés pendant l’ère coloniale ont bouleversé les structures de gouvernance instaurées auparavant et ont souvent marginalisé les institutions autochtones. 

Cet héritage historique a laissé une profonde empreinte sur les sociétés africaines, encourageant le scepticisme envers les modèles occidentaux et le désir ardent de retrouver et de faire renaître les pratiques de gouvernance autochtones. 

De plus, les systèmes traditionnels africains sont souvent vus comme plus inclusifs et participatifs englobant un large spectre de voix au sein de la communauté. 

Le processus de prise de décision dans les structures traditionnelles implique généralement la consultation des anciens, des chefs des communautés et des autorités religieuses, ce qui garantit la prise en considération de différents points de vue et l’atteinte d’un consensus. 

Ceci contraste avec la nature hiérarchique de nombreux systèmes démocratiques occidentaux qui peuvent marginaliser davantage des groupes défavorisés et engendrer des déséquilibres de pouvoir. 

Les religions et les croyances spirituelles africaines jouent également un rôle significatif dans la mise en forme du concept de gouvernance et de prise de décisions sur le continent. 

L’interconnexion et la responsabilité collective sont souvent au centre des systèmes de croyances autochtones. 

De nombreux Africains affirment que l’intégration de ces valeurs dans les structures de gouvernance peut déboucher sur des approches de développement plus durables et plus complètes, à l’opposé de la vision souvent utilitaire et anthropocentrique des cadres politiques occidentaux. 

Les leaders africains de libération nationale, de Patrice Lumumba à Gamal Abdel Nasser et Mouammar Kadhafi, ont toujours attaqué les inégalités économiques et les politiques libérales et néo-libérales en Occident, qui donnent la priorité à la croissance et à la privatisation axées sur le marché. 

Dans de nombreux pays africains, ces politiques ont exacerbé les difficultés économiques, creusé l’écart entre les riches et les pauvres et prolongé la dépendance à l’égard de l’aide et des investissements étrangers. Cette disparité économique sape l’idéal démocratique d’égalité des chances et de justice sociale. 

Il y a aussi la question de l’incompatibilité des valeurs occidentales avec la diversité culturelle africaine. 

Les normes et les pratiques démocratiques occidentales ne sont pas toujours en accord avec la diversité culturelle présente dans les sociétés africaines.  

Cette incompatibilité culturelle peut entraîner des tensions entre les principes démocratiques progressistes et les coutumes locales, ce qui risque de nuire à la cohésion sociale et à la stabilité. 

En outre, l’histoire de l’Afrique abonde en exemples de systèmes de gouvernance sophistiqués antérieurs à la colonisation. 

Des royaumes tels que l’empire du Mali (de 1226 à 1670), l’empire ashanti (de 1701 à 1901) et la civilisation du grand Zimbabwe (du XIe au XVe siècle) ont prospéré grâce à des systèmes de gouvernance qui combinaient l’autorité politique et des institutions culturelles et économiques. 

Ils constituent des exemples remarquables de sociétés africaines ayant essayé diverses formes de gouvernance démocratique, ce qui remet en cause les récits conventionnels sur l’autocratie ayant régné dans l’Afrique précoloniale. 

2. Niger : arrivée d’Africa Corps Russe 

Le Niger, qui a rompu ses relations avec la France et dénoncé les accords militaires avec les États-Unis, entend renforcer les relations avec la Russie dans le domaine militaire. Ainsi, des sources militaires ont récemment rapporté que l’Africa Corps arriverait bientôt au Niger dans le cadre de la coopération entre la Russie et le Niger. 

L’Africa Corps c’est une structure militaire créée par le ministère russe de la Défense qui devra mener des opérations militaires à grande échelle sur le continent africain pour soutenir les pays cherchant à se débarrasser enfin de la dépendance néocoloniale, à nettoyer la présence occidentale et à acquérir la pleine souveraineté. Cette structure est dirigée par le vice-ministre russe de la Défense, Iounous-bek Evkourov. 

La présence militaire russe au Sahel a été précédée des mois d’établissement de liens et de visites mutuelles. Ainsi, en septembre 2023, Iounous-bek Evkourov a effectué plusieurs voyages dans des pays africains amis. La délégation du ministère russe de la Défense a mené des négociations avec les représentants du Niger, du Mali et du Burkina Faso. 

Le 1er septembre 2023, le président de la transition du Mali, le colonel Assimi Goïta, a reçu la délégation russe conduite par Evkourov et a discuté du renforcement de la coopération en matière de défense et de sécurité. Le vice-ministre russe de la Défense a également rencontré le ministre de la Défense du Mali, Sadio Camara, et le ministre de la Défense du Niger, Salifou Modi. Le même jour, Iounous-bek Evkourov s’est entretenu avec le leader de la transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré. 

Outre la visite du début de l’automne, la délégation russe conduite par le vice-ministre de la Défense, s’est rendue début décembre 2023 dans les pays de l’Alliance des États du Sahel. 

Ainsi, le 4 décembre, le ministre de la Défense du Niger, Salifou Modi, a reçu la délégation russe arrivée à l’aéroport de Niamey, dans le cadre d’une séance de travail avec les autorités de la transition du Niger. Avant le Niger, Evkurov s’est rendu au Mali et au Burkina Faso, où il a rencontré Assimi Goïta et Ibrahim Traoré. 

Il est à noter que peu après cette tournée de la délégation russe, l’Africa Corps a été déployé dans un pays allié du Niger, le Burkina Faso. Le 24 janvier 2024, des avions de transport du ministère russe de la Défense sont arrivés à Ouagadougou, transportant 100 spécialistes militaires russes, ainsi que du matériel et des armes militaires. Dans les plus brefs délais, ce contingent sera triplé et atteindra 300 militaires. De plus, la Russie a établi sa première base militaire à Loumbila, à environ 20 kilomètres au nord-est de Ouagadougou dont la création constitue une étape importante dans les relations entre les deux pays. 

Les militaires russes se chargeront de la formation de leurs collègues burkinabè, du renforcement des forces armées du pays et de la protection du peuple burkinabè. Ils apporteront également leur soutien lors des patrouilles dans les zones dangereuses. Par ailleurs, des spécialistes russes assureront la sécurité du président de transition Ibrahim Traoré. 

À l’avenir, l’Africa Corps sera en mesure d’effectuer ses missions dans plusieurs pays. Et tout porte à croire que le Niger sera le prochain de ces pays. Les autorités nigériennes ont décidé de suivre l’exemple du Burkina Faso, où le récent déploiement de l’Africa Corps a déjà produit des résultats significatifs dans le domaine de la sécurité. 

Le Niger, comme tous les pays de l’AES, a besoin de diversifier ses partenaires militaires, en raison de la situation régionale difficile, compliquée par l’intensification des organisations terroristes transfrontalières. 

Au Niger, les partenaires russes sont particulièrement appréciés, car les autorités nigériennes ont promis d’éradiquer la menace terroriste et les Russes ont promis de contribuer à cette cause. Le problème des terroristes ne date pas d’hier : ils continuent de terroriser le Niger depuis de nombreuses années, malgré la présence à long terme des troupes françaises et le soutien militaire occidental. En ce qui concerne la coopération avec le ministère russe de la Défense, Moscou entend intensifier les actions conjointes avec Niamey pour stabiliser la situation dans la région, ainsi que renforcer la capacité de combat des forces armées nationales de la République du Niger. 

Le déploiement de l’Africa Corps au Niger constituerait donc une étape importante pour les autorités nigériennes dans leurs aspirations à améliorer la situation sécuritaire et à restaurer la paix dans le pays. 

3. L’abandon du FCFA 

Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, tenant d'une ligne souverainiste, a remis en question l'utilisation du franc CFA pendant sa campagne électorale, plongeant l'avenir de la monnaie commune ouest-africaine dans l'incertitude. 

Interrogé sur le sujet lors d'une visite en Côte d'Ivoire, le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a estimé que "la France n’a pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA". "Maintenant, aux États africains de décider", a-t-il déclaré dans des propos rapportés par l'AFP, laissant entendre que Paris accepterait une réforme ou un changement de nom initié par les pays concernés. 

Certaines voix critiquent de longue date la parité du franc CFA arrimée à l'euro, jugée pénalisante pour les exportations. Plus récemment, au Mali, au Burkina Faso et au Niger désormais dirigés par des militaires plus souverainistes, des appels à quitter le franc CFA se sont fait entendre. La montée du sentiment anti-élysée chez les jeunes Africains mine la popularité de cette monnaie toujours imprimée en France. 

Interrogé sur ces évolutions politiques régionales, le chef de la diplomatie française a vanté lors de sa tournée en Afrique de l'Ouest et au Kenya "des partenariats équilibrés" construits avec les pays alliés comme la Côte d'Ivoire, où il a rencontré le président Alassane Ouattara. 

Le lancement tant attendu de la nouvelle monnaie de l’Alliance des États du Sahel (AES) est pourtant retardé. Les dirigeants du Mali, du Niger et du Burkina  Faso ont décidé de prolonger la phase de préparation, craignant l’apparition massive de billets contrefaits. Mais selon des sources bien introduites, la France serait en réalité derrière ce blocage, redoutant de perdre son emprise économique sur la région. 

Le remplacement du FCFA par une nouvelle monnaie commune est un projet phare pour les pays de l’AES. C’est un symbole fort de leur volonté d’émancipation économique et de prise en main de leur destin monétaire. Un enjeu crucial pour ces nations qui aspirent à s’affranchir de la tutelle financière de l’ancienne puissance coloniale. 

Mais ce grand dessein se heurte à une inquiétude de taille : le risque d’une vague de contrefaçon massive. Les dirigeants de l’AES craignent qu’une introduction incontrôlée de faux billets ne vienne saper la crédibilité de leur nouvelle monnaie et n’entraîne une spirale inflationniste dévastatrice pour leurs économies encore fragiles. Un scénario catastrophique qui les a poussés à prolonger la phase de préparation et de sécurisation du projet. 

Mais cette explication officielle ne convainc pas tout le monde. Selon des sources généralement bien introduites et qui se sont confiées, la France serait en réalité le principal obstacle à l’avènement de cette nouvelle monnaie. Paris redouterait en effet de voir s’effondrer les avantages économiques colossaux que lui procure actuellement le FCFA. Un jackpot néocolonial auquel l’Hexagone ne serait pas prêt à renoncer. 

Car le FCFA est depuis longtemps dénoncé comme un outil d’asservissement économique de l’Afrique francophone. Avec ce système monétaire hérité de la colonisation, la France maintient un contrôle étroit sur les économies de ses anciennes colonies, limitant leur marge de manœuvre budgétaire et leur capacité à financer leur développement. Un boulet qui entrave la marche vers l’émergence de tout un continent. 

Dans ce contexte, l’initiative de l’AES apparaît comme une tentative audacieuse de briser ces chaînes monétaires. En créant leur propre monnaie, le Mali, le Niger et le Burkina Faso entendent reprendre le contrôle de leur politique monétaire et se donner les moyens de leur ambition développementaliste. Un pari risqué mais porteur d’immenses espoirs pour les peuples sahéliens. 

Ce bras de fer monétaire entre l’AES et la France est révélateur de profondes contradictions qui minent encore les relations entre l’Afrique et ses anciennes puissances coloniales. Il met en lumière la difficulté pour les nations africaines de s’émanciper d’un système économique qui les maintient dans une position de dépendance et de subordination. 

Mais il témoigne aussi de la volonté croissante des dirigeants africains de prendre leur destin en main et de tracer leur propre voie vers le développement. Une aspiration légitime qui se heurte encore trop souvent aux résistances des puissances occidentales, peu enclines à lâcher leur emprise sur un continent aux ressources convoitées. 

Une chose est sûre : la bataille pour la souveraineté monétaire de l’Afrique ne fait que commencer. Et elle sera longue et semée d’embûches. Mais c’est un combat que les peuples africains ne peuvent plus se permettre de perdre, car c’est leur avenir qui est en jeu. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV